À l’occasion du 104e anniversaire de l’insurrection de Février
L’ennemi comprend mieux que nous que, après chaque défaite, la volonté de lutter pour une vie digne et de résister renaît à plusieurs reprises dans la nation arménienne. C’est pourquoi il cherche à la priver de ses valeurs nourricières, notamment en tentant de discréditer la commémoration des événements sanctifiés par l’histoire.
Dans cette optique, il tente, comme l’ont fait les bolcheviks durant les soixante-dix ans de l’ère soviétique, de présenter l’insurrection de Février 1921 comme une aventure insensée, vouée à l’échec. Cependant, les conséquences à long terme de cette révolte prouvent le contraire.
Grâce à l’insurrection de Février 1921 et à l’autodéfense du Syunik dirigée par Njdeh :
- Le Syunik est resté une partie de l’Arménie.
- Grâce à la préservation du Syunik, l’Arménie a obtenu, pour les soixante-dix années suivantes, le statut de république fédérée au sein de l’URSS plutôt que celui d’une région autonome comme le Tatarstan ou la Tchétchénie. Cela lui a permis, dans les années 1990, de retrouver son statut d’entité souveraine en droit international avec des pertes minimales.
- L’insurrection a permis la libération de prison et le salut de nombreux dirigeants politiques, intellectuels et militaires, voués à une mort certaine. Parmi les quelque dix mille figures les plus connues qui ont traversé en Iran et ont été sauvées, il y avait Hovhannes Kajaznuni, Levon Shant, Nikol Aghbalyan, Alexander Tamanyan, ainsi que de nombreuses autres personnalités légendaires grâce auxquelles la mémoire et l’oeuvre nationale ont été préservées tant en Arménie soviétique qu’en diaspora, et grâce auxquelles Erevan, les structures de la diaspora, la presse et la littérature ont été créés.
- En 1946, cette mémoire nationale préservée a permis un retour partiel en Arménie, jetant les bases du renouveau national des années 1960 sous Khrouchtchev, qui a conduit au Mouvement du Karabakh et au rétablissement de l’indépendance dans les années 1990.
Oui, cent ans plus tard, de nouveaux néo-bolcheviks apparaissent parmi nous. Ils veulent à nouveau recommencer la construction de leur « avenir » à partir de zéro. Ils veulent à nouveau nous priver de notre histoire, de l’Ararat, de notre identité nationale, pour les remplacer par des promesses illusoires de prospérité économique et de « fraternité des peuples ».
Selon eux, dans ces jours où l’effondrement de l’ordre mondial est au centre de l’attention des médias mondiaux et locaux, il serait inutile de parler de l’insurrection de Février 1921 en Arménie.
Et pourtant, c’est précisément aujourd’hui qu’il faut en parler et se souvenir des leçons historiques et factuelles de la dignité nationale.
Deux pièges psychologiques se dressent devant nous, et l’insurrection de Février nous apprend comment les éviter.
Après la honteuse reddition de Kars et l’occupation, le démembrement et l’annexion de la Première République d’Arménie, on aurait pu croire que l’esprit de résistance du peuple arménien était éteint. Pourtant, il a trouvé la force de stopper la destruction totale de l’Arménie dans des conditions qui semblaient impossibles. Ainsi, il ne faut jamais prononcer de discours ou tirer de conclusions qui démoralisent le peuple.
Deuxième leçon : ne jamais se laisser abattre par la supériorité apparente de l’ennemi, car la résistance est toujours possible.
Le nouvel ordre mondial en gestation est encore en train de se façonner. Dans ce contexte, il faut être vigilant et ne pas céder à la paralysie face aux défis et aux menaces, mais y discerner de nouvelles opportunités et s’y positionner en conséquence. Ces opportunités existent, notamment à travers les transformations au Moyen-Orient, la position commune des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Iran sur la question arménienne, les contradictions croissantes entre la Russie, la Turquie et l’Azerbaïdjan, ainsi que de nouvelles possibilités de solidarité chrétienne.
Mais la leçon la plus importante est la nécessité d’une auto-organisation face au danger existentiel.
L’Alliance Nationale Démocratique est engagée dans la concrétisation de ces opportunités. Nous appelons toutes les forces nationales et nos compatriotes dignes à se joindre à la lutte et à se préparer aux actions visant à renverser l’administration collaborationniste et à établir un gouvernement national de transition.
Conseil de l’Alliance Nationale Démocratique
Fait à Erevan
Le 18 février 2025